À la Une: l’urgence pour le climat – Revue de presse internationale

Plus de trente journaux à travers le monde publient ce mardi un éditorial commun : il appelle à une action urgente pour lutter contre le réchauffement climatique.

Une taxe sur les entreprises pétrolières et gazières

L’initiative a été lancée par le Guardian à Londres « Nous voulions publier un texte ambitieux au moment de la COP27 qui souligne à quel point nous nous sentons concernés par la crise climatique », explique la rédactrice en chef du journal britannique. Le texte appelle à la création d’une taxe exceptionnelle sur les profits des entreprises pétrolières et gazières : « Cet argent devrait être redistribué aux pays les plus pauvres, les plus vulnérables au réchauffement climatique. C’est le minimum, et cela ne devrait être qu’un début », souligne l’éditorial qui ajoute : « Les pays pauvres sont aussi écrasés par des dettes qui les empêchent de surmonter les désastres climatiques et de les prévenir. Les créanciers devraient avoir la générosité d’annuler la dette des pays qui sont en première ligne de l’urgence climatique. » Le texte rappelle que « les pays riches ne forment qu’un huitième de la population mondiale mais qu’ils sont responsables de la moitié des émissions de gaz à effet de serre » et assène « ces nations ont la responsabilité morale de venir en aide aux plus démunies. »  Un éditorial à la Une dans vingt pays à travers le monde.  

Le podium désert des performances climatiques

En Italie, cet éditorial est publié par La Reppublica qui dresse par ailleurs un triste constat : aucun pays ne respecte ses engagements climatiques. « Le podium des performances en matière climatique reste désert » constate le quotidien, qui explique « les trois premiers rangs du classement général restent vides car aucun État n’a atteint les objectifs nécessaires pour contenir l’augmentation de la température moyenne sous le seuil critique d’un degré cinq à la fin du siècle ». L’indice de performance des pays est un outil indépendant publié chaque année. Il est calculé en prenant en compte quatre critères : l’évolution des émissions, le développement des énergies renouvelables, la consommation d’énergie et la politique climatique. Le meilleur classement est obtenu par le Danemark. La Chine, premier responsable des émissions mondiales, perd treize places par rapport à l’année dernière. En queue de classement, on trouve trois pays exportateurs et utilisateurs d’énergies fossiles : l’Iran, l’Arabie saoudite et le Kazakhstan.

Le poids de la guerre sur le bilan carbone mondial

En Allemagne, Die Welt pointe une omission majeure des bilans climatiques : l’ampleur des destructions occasionnées par la guerre en Ukraine. Sous le titre « L’attaque de Poutine contre les objectifs climatiques mondiaux », le journal rappelle qu’à « chaque bâtiment effondré, chaque explosion, chaque incendie, des ressources sont perdues qui ne pourront être reconstruites qu’au prix d’une dépense d’énergie extrême. » Le quotidien souligne que le secteur de la construction est l’un des plus gros consommateurs d’énergie et de matières premières, et qu’il contribue largement aux émissions de gaz à effet de serre. Die Welt estime en conséquence que les effets de la guerre doivent être inclus dans le bilan climatique mondial, sans quoi, prévient-il, « tous les calculs réalisés deviendront une farce ». En attendant, ajoute l’éditorialiste, « la guerre de Poutine fait non seulement des Ukrainiens, mais de la population mondiale, les victimes de ce conflit. » Et il conclut : « Pour la crédibilité de la protection du climat, beaucoup dépendra de l’importance que le mouvement climatique accorde à ce problème. » 

Le lourd bilan carbone de la Coupe du monde de football

Autre source majeure d’émissions de carbone pointée par la presse ce mardi, celle provoquée par la Coupe du monde de football au Qatar. « La neutralité carbone de la Coupe du monde au Qatar est un mirage » titre Le Soir avant de développer : « Construction de huit stades climatisés dans le désert, transport aérien de centaines de milliers de supporters, produits dérivés… La logistique impliquée par la Coupe du monde promet de doper à un niveau record les émissions de CO2, en dépit des déclarations d’intention qataries. » Le journal belge cite un expert qui dénonce le manque de précision du Qatar dans le bilan carbone qu’il présente. « Tout l’impact de la construction de ces infrastructures dans le désert n’a pas été pris en compte », estime-t-il. Mais il ajoute : « Il ne faut pas jeter la pierre au seul Qatar. Ailleurs, des clubs de football ont adopté des dispositifs pour réchauffer leur pelouse », avant pointer l’organisation des jeux asiatiques d’hiver en Arabie saoudite en 2029. « De la neige artificielle dans le désert, c’est à pleurer… »

La première maison autosuffisante du Liban

Le projet d’un jeune architecte au Liban, relevé par l’Orient le Jour, laisse entrevoir des pistes de solutions à la crise climatique. « Une maison écolo qui pourrait révolutionner la façon de bâtir au Liban », titre le journal qui raconte comment Nizar Haddad a construit son habitation autosuffisante, une première dans le pays. Sa maison est faite de matériaux recyclés, de  terre argileuse, de laine de mouton et de roseaux. La température est régulée par un dispositif géothermique, l’eau de pluie est récupérée, l’électricité vient de panneaux solaires, bref, aucune facture à payer. « Dans les pays développés, la construction écologique paraît hors de portée, trop high-tech, trop chère. Mais dans une région comme la nôtre, c’est totalement faisable et souhaité », explique l’architecte. Et le journal conclut : « Loin d’être une idée farfelue, sa maison conceptuelle et moderne pourrait faire d’autres petits dans un Liban pas près de sortir de la crise. »

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