De sept à douze années de prison : c’est la peine qui pourrait être infligée à Ales Bialiatski, le militant des droits de l’homme biélorusse qui a reçu cette année le prix Nobel de la paix. Figure de l’opposition au régime Loukachenko, ce linguiste de formation a déjà connu la prison au début des années 2010. Il se savait menacé après le mouvement de contestation qui a éclaté à l’été 2020, mais a choisi malgré tout de rester dans son pays.
C’est derrière les barreaux et alors qu’il vient tout juste de fêter ses 60 ans, le 7 octobre dernier, que l’annonce du prix Nobel lui est parvenue. Arrêté en juillet 2021 par les autorités biélorusses, accusé de « trafic de devises » et pour avoir « financé des actions collectives portant atteinte à l’ordre public », Ales Bialiatski encourt jusqu’à douze années de prison selon l’ONG Viasna qu’il a co-fondée.
Une manière pour le régime d’Alexandre Loukachenko de se venger d’un homme qui n’a cessé toute sa vie de lutter pour les droits de l’homme. « Ales Bialiatski est le symbole de l’invincibilité du mouvement démocratique au Belarus », nous explique Franak Viacorka, le conseiller de Svetlana Tsikhanovskaïa, cheffe de l’opposition biélorusse en exil. « Il a commencé comme dissident antisoviétique dans les années 1980. Ensuite, il s’est battu pour l’indépendance de son pays, puis contre l’intégration à la Russie… Et ces vingt dernières années, il s’est battu pour les droits de l’homme. Vous pouvez lire sa biographie et vous connaîtrez l’histoire du Belarus à travers sa vie. »
Premier séjour en prison
Né en 1962, Ales Bialiatski est un spécialiste de la langue biélorusse. Il a été journaliste, professeur, directeur de musée… Mais c’est en fondant Viasna, la principale ONG de défense des droits de l’homme en Biélorussie, qu’il se met à dos le régime de Loukachenko. En 2011, il est incarcéré une première fois pour « évasion fiscale ». Il reste près de trois ans en prison, un séjour qu’il raconte à sa sortie de détention, au micro RFI de Véronique Gaymard.
« Il y a beaucoup de problèmes d’hygiène, de mauvaise alimentation, de mauvaises relations entre détenus et administration pénitentiaire. On est encore dans des schémas de l’Union soviétique. L’objectif principal de la colonie pénitentiaire, c’est d’exercer une pression sur la personnalité du détenu. C’est comme avant, ça n’a pas changé. »
Ces trois années de prison ne sapent en rien la détermination d’Ales Bialiatski. Une volonté farouche qui a profondément marqué Aude Merlin, chargée de cours à l’Université Libre de Belgique, spécialiste de la Russie et du Caucase qui l’a rencontré à plusieurs reprises.
« En juin 2014, après sa libération, il est venu témoigner dans plusieurs pays d’Europe et je me souviens l’avoir accueilli à l’aéroport de Bruxelles. Il était amaigri et avait les cheveux presque ras, car on leur rasait la tête en prison. Mais en même temps, il avait un regard inaltérable, dans lequel on lisait l’intelligence, l’humilité, la modestie. Et l’exigence », explique Aude Merlin qui ajoute : « Il est vraiment typique de ce que sont les défenseurs et défenseuses des droits humains dans l’espace post-soviétique : des personnes qui ont l’indignation chevillée au corps, mais assortie d’une rigueur absolue. »
Le refus de l’exil
En août 2020, la réélection contestée d’Alexandre Loukachenko suscite des manifestations sans précédent en Biélorussie, et une répression féroce. De nombreux opposants sont arrêtés, d’autres choisissent de fuir le pays. Mais Ales Bialiatski décide de rester, malgré le risque évident d’être arrêté. « Quand on a constaté les premières arrestations concernant son organisation, il était convaincu qu’il allait finir par être arrêté », se souvient Antoine Madelin, en charge du plaidoyer à la Fondation internationale des droits de l’homme (dont Ales Bialiatski a été le vice-président de 2007 à 2016). « Mais il a fait le choix ainsi que ses autres collègues de Viasna de rester dans le pays parce que c’était leur mission que de porter le message de la défense des droits humains. Il était conscient du risque qu’il prenait, mais il était prêt à prendre ce risque jusqu’au bout, puisque finalement ça faisait partie de son engagement initial. »
Cet engagement l’a ramené en prison dès le mois de juillet 2021. Mais il lui vaut également de recevoir le prix Nobel de la paix. Un prix au retentissement immense, mais qui n’a suscité que le dédain des autorités biélorusses. « Ces décisions sont tellement politisées qu’Alfred Nobel n’en peut plus de se retourner dans sa tombe », s’est contenté de déclarer le porte-parole de la diplomatie biélorusse après l’annonce du Comité Nobel en octobre dernier.
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