Dans deux mois les militants socialistes choisiront la ligne politique qu’ils souhaitent donner au Parti pour les trois prochaines années. Trois listes devraient être en lice : celle de la direction pro-Nupes, celle hostile à l’union de la gauche et une dernière qui veut incarner une troisième voie, ménageant les susceptibilités. Car une implosion pourrait avoir lieu en cas de victoire de l’actuel premier secrétaire, Olivier Faure.
Depuis le mois de mai et l’accord négocié à l’occasion des législatives avec LFI, les écologistes et les communistes, le torchon brûle au PS. Tout d’abord chez ceux qui se sont sentis lésés par la répartition des circonscriptions mais surtout chez les socialistes totalement hostiles à l’idée de faire route commune avec les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon. Parmi eux, les nostalgiques de la période François Hollande. Ils forment le gros de la liste anti-Nupes menée par l’ancienne ministre Hélène Geoffroy. Et ils ne cachent pas que ce 80e Congrès du PS pourrait être leur chant du cygne dans le parti en cas de défaite. Une défaite d’ores et déjà écrite, selon un député ex socialiste. « Ils iront rejoindre l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve et son projet de nouveau parti social-démocrate » analyse l’élu, plutôt favorable à cette initiative.
La direction du PS joue la carte de la sérénité
«À chaque congrès ou presque, il y a des menaces de claquer la porte », rappelle une dirigeante socialiste, qui reconnaît toutefois que quelques cadres « vont certainement partir mais les militants ne suivront pas.» Pourquoi ? « Parce que leur projet politique est grotesque », estime un député Insoumis, « et surtout ça n’a pas d’espace politique, à part intégrer l’aile gauche de la galaxie Macron ». Reste que le départ des partisans de la ligne Hollande ne serait pas anodin, car ils pesaient près d’un tiers du parti lors du précédent congrès.
La troisième voie inquiète «d’un flétrissement fatal du parti à la rose»
« Nous avons des retours alarmants venus de nombreuses fédérations socialistes » avertit l’ancienne députée Lamia el Aaraje. D’où sa décision de s’engager dans la bataille du congrès avec le soutien revendiqué de l’ancienne candidate à la présidentielle, Anne Hidalgo, et celui plus tacite de l’ambitieuse présidente de la région Occitanie, Carole Delga. « Nous pouvons être le point d’équilibre, ceux qui rassemblent », revendique ce courant baptisé Refondations. « Leur idée c’est comme la motion anti-Nupes de faire l’union de la gauche sans LFI », analyse-t-on à La France Insoumise, où on leur souhaite ironiquement « bonne chance ». Dans le PS, on y voit une explication plus triviale : « Ils veulent surtout peser dans le parti pour obtenir des postes d’élus, ce qu’ils ne pourraient pas avoir en partant », persifle un cadre national.
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