Avec le sort de l’économie chinoise, c’est la grosse interrogation de la rentrée. Et ce n’est pas un hasard car la bonne santé de l’économie allemande est intimement liée à celle de la Chine. Devenir l’un de ses gros pourvoyeurs de biens manufacturés a fait sa fortune, lui a permis d’accumuler des excédents records de sa balance commerciale.
Mais le vent a changé. L’heure n’est plus à la globalisation triomphante. Avec le ralentissement chinois, cette dépendance est devenue un piège. La demande chinoise qui s’est écrasée pendant le Covid-19 n’a toujours pas retrouvé le niveau d’antan. D’où des résultats médiocres du commerce extérieur, avec des exportations en net repli. C’est confirmé par les chiffres du mois de juillet publiés hier lundi. L’Allemagne est le seul pays du G7 susceptible d’entrer en récession cette année, selon le Fonds monétaire international (FMI).
Fin du gaz bon marché en provenance de Russie
C’est une autre dépendance coupable. Berlin, qui a tant joué la carte russe, a été contrainte de trouver rapidement des fournisseurs alternatifs de gaz avec la guerre contre l’Ukraine. La facture s’est envolée comme pour les autres pays européens. Mais avec une industrie de loin la plus gourmande du continent en électricité, le choc a été particulièrement violent. Berlin doit donc accélérer sa décarbonation en se passant du gaz russe tout en maintenant des prix supportables pour ses usines. Une équation insoluble d’ici à 2030. Les entreprises allemandes l’ont bien compris.
Pour construire de nouvelles usines, certaines privilégient désormais l’étranger, là où le courant est bon marché. Celles qui choisissent de s’implanter, comme Tesla ou Intel, pour participer à la relocalisation des activités stratégiques, négocient âprement pour obtenir des garanties durables sur le prix de l’énergie. Enfin, celles qui restent, qui constituent l’étoffe du tissu industriel, doivent repenser leur modèle, désormais bousculé par la concurrence. L’industrie automobile allemande notamment, grisée par son succès, n’a pas vu venir l’arrivée des rivaux chinois à même de casser les prix sur le véhicule électrique.
Le plus grand mal à recruter
La population vieillit et décline, car le taux de natalité est très faible. D’ici à 2035, l’Allemagne aura perdu sept millions de travailleurs sur une population active estimée à 45 millions. Le gouvernement va maintenant jusqu’au Brésil pour recruter dans le secteur de la santé. Même si les femmes, les aînés, et davantage d’immigrés étaient mis à contribution, combler le déficit en quelques années relève de la mission impossible. En résumé, rien ne va plus dans la Nation allemande, même la sélection du ballon rond ne ramène plus la victoire à domicile. Son affaiblissement n’est pas une fatalité pour autant. À maintes reprises, l’Allemagne a su changer la donne pour surmonter les crises.
Marché du travail
Dans les années 1990, le gouvernement réforme le marché du travail pour relancer la croissance et ainsi effacer la réputation d’homme malade de l’Europe que lui avait accolé the Economist. Le chancelier Schröder alors aux manettes, libéralise le marché du travail, ce qui va propulser la croissance des années 2000. L’Allemagne a aussi réussi la réunification après la chute du mur.
Enfin, elle dispose aujourd’hui d’une capacité d’endettement pour mener à bien sa mutation. C’est l’effet positif de son obsession de la rigueur budgétaire. Ce rejet épidermique des déficits et des dettes l’a empêché de faire les investissements massifs pour rénover les infrastructures, mais il lui confère aujourd’hui des marges de manœuvre confortables. À condition que la coalition au pouvoir surmonte ses divisions et ose prendre des décisions nécessaires pour faire renaitre le miracle allemand.
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