Prolonger l’accord qui a permis, il y a un an, la reprise par Kiev de ses livraisons de produits agricoles via la mer Noire. Oui, mais voilà, depuis sa réélection fin mai, le président turc, qui s’est imposé comme le médiateur privilégié entre l’Ukraine et la Russie, multiplie les initiatives donnant satisfaction à ses alliés de l’Otan, ce qui irrite son homologue russe Vladimir Poutine, selon notre correspondante à Istanbul,Anne Andlauer.
Recep Tayyip Erdogan a apporté un soutien fort à l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan, et accepté l’adhésion de la Suède, après une année de blocage. Il a aussi autorisé le retour en Ukraine de commandants du régiment Azov, alors qu’ils devaient rester en Turquie jusqu’à la fin de la guerre.
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Moscou s’en est offusqué. Le sénateur Viktor Bondarev, président de la commission de défense du Conseil de la Fédération de Russie, a même estimé que la Turquie se transformait en un « pays inamical ». Certains se demandent si Ankara n’est pas en train de se « réaligner » sur l’Occident.
En réalité, Recep Tayyip Erdogan n’a d’autre choix que de donner des gages aux Occidentaux. L’inflation reste très élevée (38%, officiellement). Les réserves en devises de la Banque centrale sont à sec et les investissements étrangers, notamment européens, cruciaux pour l’économie turque, ont fui le pays ces dernières années face au manque de prévisibilité. Le chef de l’État turc doit redonner confiance en son pays. Donc tendre la main, à nouveau, aux partenaires traditionnels de la Turquie.
De nouvelles conditions demandées par la Russie
Pour le moment, la Russie argue qu’aucune de ses conditions pour continuer l’accord n’a été rempli, à savoir notamment le transit de ses propres céréales, et surtout de ses engrais, explique notre correspondante à Kiev, Emmanuelle Chaze. Une autre condition à laquelle Moscou tient, c’est que la banque russe, Rosselkhozbank, qui gère les transactions agricoles, soit reconnectée au système de paiement Swift, ce qui n’est pas envisageable, selon Bruxelles qui a imposé des sanctions sur les banques russes, en raison de la guerre contre l’Ukraine.
Du côté de Kiev, pas de commentaires officiels, mais le président Volodymyr Zelensky s’est entretenu il y a quelques jours avec Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies et le président turc. Recep Tayyip Erdogan, qui a été très influent dans l’établissement de cet accord, s’est dit confiant sur une extension de l’accord après un appel qu’il a passé à Vladimir Poutine. À voir donc ce lundi, si la Russie accepte de renouveler cet accord.
Il n’y a jamais eu de crise alimentaire mondiale, les marchés ont surréagi au mois de mars-avril 2022, à la crainte éventuelle que ce soit l’intégralité de la mer Noire – c’est-à-dire à la fois les exportations ukrainiennes, mais surtout les exportations russes, et éventuellement kazakhs d’ailleurs – qui se trouveraient bloquées. À partir du moment où le blé russe a continué à sortir, le chantage à la crise alimentaire mondiale, qui a été largement instrumentalisé par les Nations unies, était quand même, à mon sens, une énorme exagération. La preuve, d’ailleurs, dès le début de l’été 2022, le prix du blé a commencé à diminuer. Il faut bien se rendre compte que la planète, sur la campagne 2022-2023, avait fait une campagne céréalière tout à fait exceptionnelle, notamment en ce qui concerne le blé, grâce à d’excellentes récoltes, que ce soit en Russie, que ce soit aussi en Australie. Je trouve excessif de virer au drame, ce n’est pas extraordinaire.
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Philippe Chalmin: «Il n'y a jamais eu de crise alimentaire mondiale, les marchés ont surréagi au mois de mars-avril 2022»
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