Les dénégations de Moscou ont été quasi immédiates après la mort de deux personnes dans l’est de la Pologne, mardi soir 15 novembre. Le ministère de la Défense russe a déclaré dans la foulée : « Les déclarations des médias et des responsables politiques sur la chute de missiles russes sur le territoire de la Pologne sont une provocation délibérée à des fins d’escalade ». Avant que le Kremlin ne salue avant tout la prudence des États-Unis.
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Avec notre correspondante à Moscou,
C’était avant les déclarations de Joe Biden excluant une responsabilité russe dans ce qui est arrivé en Pologne, quand la tension était encore à son comble. « À qui profite l’événement ? » La très légitimiste Komsomolskaya pravda répondait ce matin à cette question qu’elle avait posée elle-même en listant en premier lieu Kiev puis, pays en première instance dans le collimateur russe, la Pologne et le Royaume-Uni. Le président du Conseil russe de la politique étrangère et de défense, Fyodor Lukyanov, cité dans Kommersant, estimait lui que « ce sont les pays d’Europe centrale et orientale qui sont ici en première ligne. Cela augmente les risques, pour ne pas dire plus ». Les chaînes Telegram pro-conflit dites « Z » n’ont pas évoqué les deux morts en Pologne mais ont ironisé à l’unisson sur « la destruction d’un tracteur polonais comme cause d’une 3e guerre mondiale ».
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Pas d’affrontement ouvert en vue entre la Russie et l’Occident, jugeait dès hier soir le journal en ligne The Bell pour lequel « ce n’est pas fondamental de savoir ce qui est vraiment arrivé sur le sol polonais. Comme pour le crash du Boeing Malaysian airlines au-dessus du Donbass en 2014 ; c’est la Russie qui sera considérée comme responsable ». Et le journal de rappeler : « cette tragédie a provoqué les sanctions les plus lourdes avant 2022 », avant d’ajouter que « cet incident aggravera certainement le conflit ».
En quelques heures, l’atmosphère change et les contours de ce qui s’est passé se précise. Pendant que l’Otan est encore en réunion d’urgence à Bruxelles, le porte-parole du ministère de la Défense, Igor Konashenkov, déclare lors de son point presse quotidien : « Nous tenons à souligner que nos frappes de haute précision n’ont été délivrées que sur le territoire de l’Ukraine et à une distance maximale de 35 kilomètres de la frontière ukraino-polonaise. Les photographies de l’épave retrouvée dans le village de Przewoduv, publiées dans la soirée du 15 novembre en Pologne, ont été identifiées sans ambiguïté par les experts russes du complexe militaro-industriel comme des éléments d’un missile guidé anti-aérien du système de défense aérienne S-300 de l’Armée de l’air ukrainienne. Les déclarations de diverses sources ukrainiennes et de responsables étrangers selon lesquelles des missiles russes seraient tombés dans le village de Przewoduv sont une provocation délibérée dans le but d’aggraver la situation. »
Le président américain Joe Biden avait déjà informé les membres du G7 et de l’Otan que selon lui, l’explosion de mardi en Pologne avait été provoquée par un tir de missile de la défense aérienne ukrainienne que le porte-parole du Kremlin déclarait : « Il n’y avait aucune raison d’escalader. Vous comprenez bien que les Polonais avaient tous les moyens à leur disposition pour signaler immédiatement qu’il s’agissait de restes de missiles anti-aériens S 300. Et tous les experts auraient compris qu’il ne pouvait pas s’agir d’un missile des forces armées russes. »
Et d’ajouter : « Je voudrais vous inviter une fois de plus à prêter attention à la réaction plutôt sobre des Américains, qui contrastait avec la réaction absolument hystérique de la partie polonaise et d’un certain nombre d’autres pays. Comment en est-on arrivé là ? La question devrait être posée à Varsovie et les responsables polonais devraient être invités à faire preuve de plus de retenue et d’équilibre lorsqu’ils parlent de sujets aussi sensibles et potentiellement dangereux. »
Un changement de climat
Dénoncer « l’hystérie et la russophobie » des pays qui ont à ses yeux trop vite conclu à sa responsabilité, c’est une figure classique de la rhétorique du Kremlin. Saluer la retenue et le professionnalisme des États-Unis, c’est aussi rappeler en creux le peu de considération de Moscou pour Varsovie et bien sûr Kiev et ses dirigeants : Volodymyr Zelensky n’est jamais qualifié à la télévision russe de « président de l’Ukraine ». Appuyer sur les divisions des Occidentaux, c’est enfin un exercice auquel la Russie est rompue.
Ce débat et cette tension internationale très forte sur le responsable des événements en Pologne permettent aussi de moins concentrer l’attention sur le déluge de feu en Ukraine ce mardi. Question de la BBC ce matin à Dimitri Peskov : « S’il n’y avait pas eu de frappes russes sur l’Ukraine, il n’y aurait pas eu d’incident en Pologne. La Russie n’est-elle pas coupable ? » Réponse du porte-parole du Kremlin : « Non… La Russie n’a rien à voir avec ça ».
Le porte-parole dit « ne pas savoir » si des canaux de communication spéciaux entre Washington et Moscou ont été activés, mais cette simple mention de « canaux possibles » arrive dans un climat qui a commencé à changer. La télévision russe, depuis lundi, a commencé à évoquer des pourparlers de paix. Toujours pour montrer les muscles et affirmer ne rien vouloir céder, mais c’est nouveau et pourrait aussi ressembler à un début timide de préparation de l’opinion pour une phase diplomatique.
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