Giorgia Meloni n’a pris ses fonctions que le surlendemain du dernier sommet européen où Mario Draghi a donc représenté l’Italie pour la dernière fois. La nouvelle présidente du Conseil effectue donc ce jeudi 3 novembre son premier déplacement à Bruxelles où elle doit – dans l’après-midi – rencontrer les dirigeants des trois institutions européennes, Conseil, Commission et Parlement. Cette visite sera en partie un exercice d’équilibriste car la dirigeante d’extrême droite doit rassurer les Européens, inquiets des évolutions politiques et surtout budgétaires de l’Italie, tout en évitant de paraître renier ses promesses de campagne aux yeux de ses électeurs.
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Avec nos correspondants à Bruxelles et à Rome,
Les promesses de campagne de Giorgia Meloni et en général de son parti Fratelli d’Italia ont représenté la principale source d’inquiétude des institutions européennes, rapporte notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet. Ce n’étaient que des promesses reconnaît-on ici, mais elles étaient particulièrement généreuses même si elle a paradoxalement promis aussi de ne pas procéder à une augmentation massive de la dépense publique.
Craintes des Européens
Cette promesse a été répétée par le nouveau ministre des Finances, lundi 31 octobre, mais les craintes des Européens se concrétisent tout de même car outre les réductions d’impôts le nouveau gouvernement veut aider ménages et entreprises face à la flambée des prix de l’énergie.
Giorgia Meloni va donc devoir donner des gages car elle devra obtenir le feu vert de la Commission pour son budget. Selon la presse italienne, le gouvernement vise un déficit public de 4,5% un point de plus que le gouvernement sortant. Avec une dette publique qui atteint le chiffre faramineux de 150%, Giorgia Meloni aura fort à faire pour rassurer les Européens.
Italie sous surveillance « comme la Pologne et la Hongrie »
On dit cependant Giorgia Meloni dans les meilleurs termes avec la présidente du Parlement européen, Roberta Menzola, dont elle partage les valeurs traditionnelles sur des sujets de société comme la famille et l’avortement, indique notre correspondante à Rome, Anne Tréca. Le rapport est moins facile avec la présidente de la Commission. Dans une déclaration sous forme d’avertissement au nouveau gouvernement, Ursula Von der Leyen a mis l’Italie sous surveillance, « comme la Pologne et la Hongrie ». Ce commentaire a été peu apprécié à Rome.
La candidate Meloni l’a promis à ses électeurs : « L’Italie parlera d’une voix forte ». À Rome comme à Bruxelles, son discours de nationaliste eurosceptique résonne encore. Mais l’Italienne a de grandes ambitions. Elle veut l’aménagement de la gestion du plan de relance européen, un instrument concret de plafonnement du prix du gaz, la révision des règles sur le débarquement des migrants, la réforme de la discipline budgétaire… Pour entrer dans la négociation, la Première ministre Meloni va devoir prouver qu’elle accepte aussi les nécessaires compromis qui font l’Union européenne.
Croissance surprise
La surprise des chiffres de croissance du produit intérieur brut de l’Italie aidera peut-être à convaincre puisqu’un ralentissement de la croissance était prévu à l’origine. Mais aux yeux de l’Union européenne, cette croissance à 0,3% pourrait ne pas être suffisante pour financer le budget italien à venir.
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