La ville de Kherson, au sud de l’Ukraine, reprise le mois dernier par les forces ukrainiennes, est privée d’électricité après d’intenses bombardements russes. Pourtant, depuis la semaine dernière, un train par jour circule depuis Kiev. Certains suivent les directives gouvernementales de quitter la ville, d’autres décident d’y revenir.
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Avec notre envoyée spéciale à Kherson, Clea Broadhurst
La gare de Kherson est typique du sud de l’Ukraine avec sa façade jaune et blanche. Depuis une semaine, un train par jour y arrive à 9h55 et repart à 15h27 à Kiev. Jeudi, ils étaient environ 350 à prendre la route du nord. « Quand les Russes étaient là, c’était très difficile. Ils étaient désagréables. Quand nos soldats sont arrivés, j’étais si heureuse… Je les aurais tous pris dans mes bras », raconte Luba.
Les passagers sont fouillés et contrôlés avant de quitter la ville. Beaucoup craignent les bombardements, de plus en plus nombreux et de plus en plus puissants. Luba ne veut pas quitter Kherson, elle n’arrive pas à se résoudre à laisser seuls ses chiens et chats. Mais elle est à la gare pour accompagner sa fille, Anna, qui part direction Kiev, un chat agité dans les bras justement. « Je pars à cause des bombardements, explique-t-elle. J’espère que tout va bientôt se terminer et qu’on oubliera tout ça, comme si ça n’avait été qu’un cauchemar. »
« Tous les jours, des bombardements, des détonations »
Un peu plus loin dans la queue, Sergii patiente. Pour sa femme, le bombardement qui a saisi la ville la veille, c’était la fois de trop. « Ma femme en avait marre de dormir dans le couloir. Tous les jours, des bombardements, des détonations… Son cœur commence à avoir des soucis… Moi, je ne veux pas partir ! Elle m’emmène de force, cette sorcière ! plaisante-t-il. Quand les « libérateurs » sont partis, ils ont tout pris avec eux. »
Mais certains sont rentrés et racontent que, peu importe les bombardements, c’est ici qu’ils veulent être, avec les leurs qu’ils embrassent longuement en posant le pied hors du train. Surtout maintenant que les Russes – qu’ils appellent les Orcs – sont partis. Larissa en fait partie. Elle tient dans ses bras son dernier petit-fils, né lorsqu’elle n’était plus là. « C’est ma ville natale ici, mes enfants et petits-enfants sont ici, témoigne-t-elle. Quand les Russes étaient là, c’était dangereux. Mes enfants n’ont pas peur de rester ici. S’ils n’ont pas peur, alors moi non plus. »
Partout dans la ville, les queues pour des distributions alimentaires se multiplient. Beaucoup comptent dessus pour avoir un repas chaud au moins une fois par jour. La place de la Liberté, bondée aux premiers jours de la libération, est aujourd’hui déserte. L’euphorie est redescendue depuis l’intensification des bombardements sur la ville.
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