La réponse tient en deux mots : Crimée et céréales
La Crimée tout d’abord, ce territoire russe cédé par Kroutchev à la république socialiste d’Ukraine dans les années 1950 à l’époque de l’URSS. Et donc rattaché à l’Ukraine lorsque l’indépendance fut proclamée en 1991. Un territoire qui a été annexé illégalement par la Russie en 2014 et que Kiev compte bien récupérer tant il est symbolique d’une volonté patriotique de retrouver la souveraineté ukrainienne sur l’intégralité du territoire.
D’où les actions constatées depuis quelques jours, même si elles ne sont pas toujours l’objet de commentaires ou de revendications officielles de la part de Kiev : sur le pont de Kertch comme sur le site militaire russe incendié, le long de la route qui relie Kertch à Sébastopol, il s’agit de compliquer l’approvisionnement russe vers la péninsule – en équipements militaires notamment. Avec, sans doute, la perspective d’y lancer plus tard des actions offensives.
La Crimée reste donc une priorité pour Kiev, mais pas la seule. La contre-offensive ukrainienne lancée le 5 juin dernier se poursuit. Mais elle se révèle longue et difficile sur l’ensemble du front – selon l’aveu même de l’état-major ukrainien. Voilà pourquoi Kiev maintient la pression sur l’Occident, avec toujours la même demande : il nous faut encore et toujours davantage d’armes pour faire plier, puis enfoncer la résistance de l’armée russe. La liste de courses est même détaillée : il faudrait, selon le conseiller de la présidence Mykhailo Podoliak, de 60 à 80 avions F-16, entre 200 et 300 chars, entre 5 et 10 systèmes supplémentaires de défense antiaérienne, et enfin plus de missiles de longue portée.
Côté russe, après la décision de ne pas renouveler l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, il s’agit d’empêcher toute exportation effective. Les Russes veulent briser toute velléité des Ukrainiens de continuer à envoyer des navires céréaliers à partir des ports ukrainiens, malgré la fin des garanties russes sur la sécurité de navigation en Mer Noire. D’où les bombardements de ces derniers jours sur les ports d’Odessa, Tchornomorsk ou Mykholaiv… Au total, des dizaines de milliers de tonnes de céréales ont été réduites à néant par les missiles russes. Le message est très clair : mettre un coup d’arrêt à cette activité vitale pour l’économie ukrainienne, quitte à faire donner la marine russe dans la mer Noire, comme ce fut le cas ce vendredi. Une mer redevenue une zone d’extrême tension entre les protagonistes à cause de cette double raison / les céréales et le sort de la Crimée.
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Nadine Morano est interrogée par :- Frédéric Rivière (RFI)- Roselyne Febvre (France 24)Live-tweet @MardiPolitique #MardiPol Diffusions :- 18h10-18h30 sur France 24- 20h10-20h30 sur RFI Source
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