La réplique journalistique à l’action de la Russie dans la guerre de l’information a cette année été récompensée au 84e prix Albert Londres à Riga, le plus prestigieux du journalisme francophone.
Sur les quatre prix Albert Londres qui ont été décernés le 28 novembre dernier à Riga en Lettonie, trois sont allés à des femmes couvrant sur le terrain la guerre que mène la Russie. La première, Margaux Benn, grand reporter au Figaro, en est à son troisième séjour d’un mois en Ukraine, où elle réalise des reportages à hauteur de femme, en couvrant les combats, mais aussi la douleur ou la vie des civils bombardés.
Les deux autres, Alexandra Jousset et Ksenia Bolchakova, ont réalisé pour CAPA un documentaire de France 5 intitulé Wagner, l’armée de l’ombre de Poutine. Elles y décrivent les actions prédatrices de cette milice privée qui fait main basse sur les richesses de pays africains en leur fournissant des mercenaires et qui acclimate ses combats meurtriers en Syrie puis en Ukraine d’une propagande pro-russe.
Cela commence par les fermes à trolls pour exposer les infox du Kremlin, ça se poursuit par des exactions aujourd’hui documentées et cela culmine avec l’ouverture à Saint-Pétersbourg du rutilant siège social de Wagner. Grâce à ce reportage de plusieurs mois, Poutine ne peut plus nier sa responsabilité directe dans les massacres commis par la société de son ami Evgueni Prigojine. Wagner est représentatif d’un double discours du maître du Kremlin qui n’a souvent pour seule entrave que le travail des journalistes.
Prix Albert Londres 2022 en direct de Riga
Prix presse écrite @B_Margaux du @Le_Figaro
Prix audiovisuel @KBolchaK @Ajousset pour Wagner l'armée de l'ombre de Poutine @France5tv @AgenceCAPA
Prix du livre @VictorCastanet Les Fossoyeurs @EditionsFayard https://t.co/y02VE6Tktx pic.twitter.com/5plmefzQam
— Prix Albert Londres (@albert_londres) November 28, 2022
Informer face à la propagande russe
Dans une vidéo de l’agence BETC qui vient de sortir, Reporters sans frontières met en perspective les images de la guerre de Poutine avec ses discours passés comme « nous n’imposerons rien par la force », destinés à endormir l’Occident. On mesure à quel point sans la couverture des journalistes sur le terrain, la propagande russe pourrait triompher.
Devant le jury du prix Albert Londres, au « média hub » de Riga, c’est ce que sont venus rappeler lundi un journaliste ukrainien d’un média local de Lougansk et des journalistes russes dissidents. Les forces de Poutine bloquent ou brouillent tout ce qui ne reflète pas la position officielle du Kremlin.
Selon une estimation d’un journaliste de Dojd, plus de 5 000 sites ont été bloqués en Russie tandis que le mobile et internet ont été suspendus dans le Donbass tant que la force Z pro-russe n’y avait pas déployé ses propres médias. Dojd ou TV Rain en anglais, c’est cette télévision russe indépendante qui a été contrainte de s’arrêter d’émettre depuis la Russie en mars avant de renaître en juillet avec sa rédaction depuis Riga sur une chaîne YouTube. Depuis vendredi, elle sait aussi qu’elle pourrait perdre sa licence de diffusion en Lettonie pour avoir montré une carte de la Russie incluant la Crimée. Ce serait un comble pour un média qui n’a cessé de dénoncer les crimes commis en Ukraine.
Ioannis Kasoulides, le ministre chypriote des Affaires étrangères, rappelle que son pays n'est plus ouvert aux oligarques russes, et il affirme qu'il n'y en a plus à Chypre. Son pays applique les sanctions contre la Russie, et approuve le plafonnement du prix du pétrole russe à 60 dollars le baril. Les Chypriotes, affectés par la partition de leur pays, sont contre toute ingérence, rappelle-t-il, c'est pourquoi ils soutiennent l'Ukraine et […]
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