Le ton monte entre Londres et Pékin depuis l’annonce, par la police britannique, de l’arrestation en mars d’un homme d’une vingtaine d’années – dont l’identité reste inconnue à ce jour – à son domicile d’Édimbourg, en Écosse, pour espionnage. Le quotidien Times indique qu’il était « employé comme chercheur » au sein du Parlement de Westminster par Alicia Kearns, la présidente de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des communes. Il était ainsi au contact des conservateurs au pouvoir et il était « étroitement lié » à Tom Tugendhat, secrétaire d’État à la Sécurité.
L’individu a vécu et travaillé en Chine, et les autorités du Royaume-Uni craignent qu’il ait été recruté alors par le renseignement chinois, explique notre correspondante Émeline Vin à Londres. Selon plusieurs sources parlementaires, l’espion présumé avait qualifié des députés critiques envers Pékin d’ « extrémistes » et d’ « outranciers ».
Dimanche 10 septembre, au lendemain des premières révélations de cette affaire, Rishi Sunak a profité du sommet du G20 à New Delhi pour interpeller son homologue chinois, Li Qiang, présent en Inde en lieu et place du président Xi Jinping. Le Premier ministre britannique lui a fait part de sa « profonde préoccupation au sujet d’interférences chinoises dans la démocratie parlementaire britannique ».
La Chine dénonce des « manœuvres antichinoises », l’accusé nie tout espionnage
La Chine a répondu à l’accusation britannique, lundi 11 septembre. Et elle est quelque peu cassante. « La prétendue affirmation selon laquelle la Chine espionne le Royaume-Uni est totalement dénuée de fondement et la Chine la rejette fermement », a déclaré Mao Ning, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. « Nous demandons instamment à la partie britannique de cesser de diffuser de fausses informations et de mettre fin à ses manœuvres politiques antichinoises et à son dénigrement malveillant », a-t-elle ajouté.
Dans un communiqué publié par ses avocats, l’homme accusé d’espionnage, toujours anonyme, dit « se sentir obligé de répondre aux accusations des médias selon lesquelles (il est) un »espion chinois » ». Il parle d’« informations erronées » et « extravagantes ». « Il est essentiel que l’on sache que je suis totalement innocent. J’ai passé ma carrière à essayer d’éduquer les autres sur le défi et les menaces que représente le parti communiste chinois », martèle-t-il encore, déplorant au passage des accusations allant « à l’encontre de tout ce que (je) représente ».
Cette affaire d’espionnage intervient alors que certains députés britanniques, par ailleurs sanctionnés par le régime chinois, accusent le gouvernement de Rishi Sunak de complaisance envers la Chine ; une position qui pourrait être expliquée par la présence, si elle est avérée, d’éléments pro-Pékin au sein des instances de décision. L’année dernière déjà, le renseignement intérieur britannique avait émis une alerte, en soupçonnant d’interférence politique Christine Lee, une avocate sino-britannique proche de plusieurs élus.
(et avec AFP)
La Chine annonce la condamnation d’un «espion déguisé en philanthrope»
La sécurité d’État chinoise indique, lundi 11 septembre, qu’un résident permanent de Hongkong et citoyen américain a été condamné pour espionnage au profit des États-Unis. Les précisions de notre correspondant en Chine, Stéphane Lagarde.
La Chine était plutôt discrète sur la question jusqu’à présent. Désormais, les espions sortent du chapeau à chaque fois qu’une accusation vise le régime chinois. Le communiqué publié lundi par le bureau national de la sécurité publique est plutôt dense concernant les accusations visant John Shing-wan Leung.
Né à Hongkong, ce restaurateur américain de 78 ans a été condamné à la prison à vie en mai dernier, deux ans après son arrestation à Suzhou, dans l’est de la Chine. Selon le contre-espionnage chinois, John Shing-wan Leung aurait signé un contrat avec le renseignement américain en 1989, pour lequel il aurait été rémunéré en tant qu’informateur 1 000 dollars par mois. Le gouvernement des États-Unis lui auraient également versé de l’argent lui permettant de faire des dons et d’élargir son audience auprès de la communauté sino-américaine, au sein de laquelle cet espion « déguisé en philanthrope », selon Pékin, présidait de nombreuses organisations.
Dans son dossier encore : de faux papiers pour se rendre en Chine via Hongkong en 2020, lorsque les vols internationaux ont été interrompus en raison de la pandémie de Covid-19. C’est la troisième fois depuis début août que la Chine annonce l’arrestation, et ici même la condamnation, d’un présumé espion.
Lire la suite La Commission électorale centrale de Russie affirme que le parti Russie unie du président Poutine arrivait en tête de ces élections régionales dans les quatre territoires annexés en Ukraine. Il y aurait glané plus de 70 % des suffrages lors de ces élections réparties sur trois jours, dans des territoires où les combats font toujours rage et où l'armée ukrainienne a lancé une contre-offensive.La présidente de la Commission […]
Post comments (0)