« Nous n’avons pas mangé ce soir, il n’y avait pas assez pour tout le monde », confient trois gambiens arrivés il y a quatre jours de Sfax, en Tunisie, et croisés sur la place de l’église en plein centre de Lampedusa. C’est là que habitants et bénévoles viennent distribuer nourriture et vêtements depuis le début de la semaine. Mais ça n’a pas suffit, raconte notre envoyée spéciale à Lampedusa, Blandine Hugonnet.
« Ils sont plus nombreux que la population ici, donc forcément on ne sait pas comment gérer la situation », déplore Florine. Alors que quelques migrants passent, il distribue des viennoiseries restantes en fermant le café du port, situé juste en face du quai Favaloro, le port de débarquement, où mercredi soir, les garde-côtes ont accosté après une ronde en mer avec des dizaines de candidats à l’exil.
Entre mardi et mercredi, plus de 7 000 personnes, parties de Libye et de Tunisie dans des centaines d’embarcations, sont arrivées spontanément ou via les garde-côtes, dans le port de Lampedusa. Du jamais vu en si peu de temps sur la petite île où la situation est décrite comme « chaotique » et « apocalyptique » par la presse italienne et le prêtre de l’île. Des tensions ont éclaté entre exilés et forces de l’ordre mercredi soir sur le port et le centre d’enregistrement de Lampedusa déborde.
« Nous avons atteint un point de non-retour et l’île est en crise ». Ce sont les mots du maire de Lampedusa, Filippo Mannino, pour décrire la gravité de la situation sur place ces dernières heures et justifier sa décision, mercredi soir, de décréter l’état d’urgence. Il appelle dans le même temps l’État italien et l’Europe à lancer des « opérations de soutien et d’évacuation rapide ».
Ce nombre de traversées est exponentiel, explique Carla Melki, directrice des opérations adjointe pour l’organisation SOS Méditerranée, joint par RFI : « On a un doublement du nombre de personnes qui tentent la traversée, en tout cas selon les chiffres qui sont connus. Il y a toujours une partie de ces de ces données qui restent inconnues. On a aussi vu beaucoup plus de naufrages. Rien que cet été, il y a eu au moins quatre naufrages. » Pour elle, ces arrivées massives peuvent s’expliquer par notamment « un contexte tunisien qui s’est détérioré depuis quelques mois », alors que l’été est habituellement la période propice aux départs en direction de l’Europe.
Appel du gouvernement italien à une action européenne
Plusieurs ministres italiens ont réagi, comme Matteo Salvini, voyant dans ces arrivées massives « un acte de guerre » contre l’Italie. Le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani alerte sur une crise migratoire que ne fera qu’empirer ces prochains mois. Tous lancent d’une même voix un nouvel appel à une action européenne pour ne pas laisser l’Italie seule face à cette urgence. Pour la cheffe du gouvernement d’extrême droite, Giorgia Meloni, la situation à Lampedusa confirme que la priorité est bien d’empêcher les arrivées en Italie plutôt que de gérer la répartition des demandeurs d’asile entre pays européens.
Située à moins de 150 km des côtes tunisiennes, Lampedusa est l’un des premiers points d’escale pour les migrants traversant la Méditerranée. Selon l’agence de l’ONU pour les migrations, plus de 2 000 personnes sont mortes cette année lors de la traversée entre l’Afrique du Nord, l’Italie et Malte. La dernière victime connue est un bébé de cinq mois, qui serait tombé à l’eau tôt mercredi alors qu’il faisait partie d’un groupe que l’on ramenait sur le rivage.
En file indienne, ils montent dans des camions de la Croix Rouge italienne qui gère le centre d’enregistrement de l’île et dont le balais ponctue les nuits de Lampedusa ces derniers jours en direction du « hotspot » qui continue d’héberger des milliers de personnes. Sur les 4 000 encore présents ce jeudi, il ne devrait être plus que la moitié ce vendredi matin. Les autres sont transférés par les autorités italiennes en bateau, vers la Sicile et le continent. Et même si des embarcations continuent d’arriver sur les côtes, la pression semble doucement baisser. Après l’affluence record des derniers jours, la Croix-Rouge à Lampedusa l’assure : nous allons commencer un peu à respirer.
À écouter aussiFrance: à Briançon, un refuge qui déborde face aux arrivées de migrants
Lire la suite C’est une substance présente dans beaucoup de produits du quotidien : vaisselle, conserves, bouteilles en plastique, ou encore dans le textile et la peinture.D'après un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), on trouve en moyenne du bisphénol A (BPA) dans l'urine de 92% des Européens de onze pays. En regardant d'un peu plus près, cette quantité trop élevée du perturbateur endocrinien concerne tous les Français, tous les […]
Post comments (0)