Un petit studio repeint tout en noir dans une ancienne prison de Vilnius. C’est là que le groupe Dlina Volny, (« La longueur de l’onde ») en français, répète. Vad et Ales sont arrivés il y a deux ans dans la capitale lituanienne avec Masha la chanteuse : « Cela a toujours été difficile en Biélorussie. Il était impossible d’exprimer le fond de sa pensée, de prononcer le mot Loukachenko, car on ne savait jamais qui pouvait l’entendre autour de soi. »
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Depuis les manifestations de 2020, leur pop brut a pris un tour contestataire. Leur chanson « Whatever happens next », (« Quoi qu’il arrive ensuite ») en est un exemple pour Masha : « C’est une chanson qui parle de gens qui descendent dans la rue le lendemain d’importantes manifestations. Il y a du sang par terre et on comprend que quelque chose d’important s’est déroulé. Ils remercient les manifestants de s’être réveillés, de dire la vérité, de se battre pour leur liberté. »
La contestation ne se limite pas à un seul genre musical. Yauheni Krizhanouski est chercheur en sciences sociales. Il a étudié ce phénomène. Après la chute de l’Union soviétique, il y a une repolitisation du rock en Biélorussie quand Alexandre Loukachenko arrive au pouvoir en 1994. Il prend des mesures qui rappellent le passé soviétique. En 2020, le front de la contestation musicale s’élargit : « Ce choc des manifestations de 2020 et surtout des répressions surtout qui ont suivi ont provoqué aussi des prises de position de la part de ces collectifs, de ces artistes qui n’avaient pas été politisés avant. »
Ils chantent nos chansons en prison
Parmi eux, le groupe Naviband, connu pour avoir représenté la Biélorussie au concours de l’Eurovision. Désormais, les musiciens résident à Varsovie. Ils trouvent leur inspiration dans les événements de 2020. Le guitariste Arciom Loukanjenka parle de l’un de leurs titres La fille en blanc : « Il y a eu un jour quand toutes les femmes ont manifesté, habillées en blanc, avec une fleur à la main, ce n’était pas des pistolets. C’était un symbole fort pour dire « écoutez-nous, nous voulons changer quelque chose ». »
Le message arrive à passer en Biélorussie, explique le guitariste de Naviband : « Il y a beaucoup de gens en prison et ils nous disent, après être sortis qu’ils ont chanté nos chansons quand ils étaient enfermés. » Les groupes contestataires sont presque tous partis de Biélorussie. Ils sont l’un des fronts de l’opposition à Alexandre Loukachenko et leurs messages passent sur de nombreuses scènes en Europe.
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