Claquement de porte, moteur qui démarre. Nous embarquons dans le Range Rover noir de Paulette Juilien-Peuvion, maire de Neufchâtel-Hardelot, pour une visite de la commune. Prendre la voiture est nécessaire pour arpenter les allées de cette commune de 4 000 habitants. Car Hardelot, la partie balnéaire de la ville, en bord de mer, avec ses villas anglo-normandes, est à sept kilomètres de Neufchâtel, le bourg rural dans les terres, davantage ouvrier. Une départementale relie les deux entités.
Et lorsque l’on ose dire à la maire que l’on se trouve présentement « plutôt du côté de Neufchâtel », la réponse fuse immédiatement : « Moi, je dis toujours Neufchâtel-Hardelot, car c’est une seule et même commune ! »
Paulette Juilien-Peuvion se serait bien passée de ce projet de scission. Pour le mener à dessein, le protocole prévoit la signature de deux pétitions à un an d’intervalle. Chacune doit être signée à minima par un tiers des électeurs inscrits à Hardelot. C’est fait. Depuis janvier, la préfecture étudie ce projet. À l’initiative, on retrouve Xavier Lebray, un avocat et habitant d’Hardelot : « Les gens de Neufchâtel ont en commun Neufchâtel, les gens d’Hardelot ont en commun Hardelot et ce sont deux communes très différentes », assure-t-il.
À l’origine du grief, une différence de traitement, de la part de la maire, entre les deux quartiers. Les retombées économiques liées au tourisme proviennent surtout d’Hardelot, mais le quartier n’en profite pas. C’est Neufchâtel qui capterait tous les bénéfices, selon Xavier Lebray : « La maire prétend qu’elle investit autant à Neufchâtel qu’à Hardelot, c’est discutable. Vous allez à Hardelot, vous voyez que la voirie est dans un état catastrophique. Mais vraiment, c’est une honte totale. Alors qu’à Neufchâtel, évidemment, elle y prête attention et c’est entretenu. » Il réfute l’idée d’une opposition entre « riches » et « pauvres », « c’est une caricature, c’est ridicule ! »
« Dans le mot commune, il y a commun »
La maire a une autre lecture de cette histoire. Déjà, aucun quartier n’est avantagé par rapport à un autre, assure-t-elle. Ensuite, elle voit dans cette ambition, un stratagème politique : en 2017, elle est élue au second tour face… à Xavier Lebray. Son projet serait de diviser la ville, pour se faire élire à Hardelot, et donc prendre sa revanche. C’est la version de la maire, une version démentie par le principal intéressé.
Le projet provoque l’indignation de Martine, résidente de la commune depuis 50 ans : « C’est une aberration totale. Je ne peux pas envisager Hardelot sans Neufchâtel, ça n’est pas possible. Ils veulent rester entre eux, c’est de l’entre-soi, c’est uniquement ça ! »
« Dans le mot commune, il y a commun, tient à rappeler la maire. Le vivre ensemble, ce n’est pas ça. Une société ce n’est pas ça. Si les salariés demain disaient, « On ne veut plus soigner les retraités parce qu’ils ne cotisent pas », qu’est-ce qu’il se passe ? Une société ne fonctionne pas comme cela, je suis désolée. On ne peut pas monter une population contre une autre, ça ce n’est pas possible. Moi, ce que je veux, c’est que cette commune continue à vivre en harmonie, comme elle a toujours su le faire… »
Depuis 1954, Hardelot et Neufchâtel vivent ensemble. Après l’enquête publique, une commission composée uniquement d’habitants d’Hardelot rendra son avis sur la scission. Mais c’est le préfet qui aura le dernier mot sur une histoire commune vieille de 70 ans.
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