De notre correspondante à Tel-Aviv, Sharon Aronowicz
Drapeaux israéliens à la main, infatigable, Inbal rejoint ses amis dans un énième rassemblement contre le gouvernement et sa réforme de la justice : « Le soir des élections, le 1ᵉʳ novembre, nous avons vu les résultats, et ce même jour, ma famille a pris la décision de demander un passeport étranger. »
Depuis sept mois, Inbal participe à chaque rassemblement, décidée à se battre pour son pays. C’est le cœur serré qu’elle a fait sa demande pour un passeport allemand. Éligible, car sa grand-mère a quitté Berlin après la Shoah : « Je veux vivre ici, je ne veux pas quitter Israël, Tel Aviv. Je veux vivre ma vie ici, ma famille est ici, mes amis, ma culture, mes traditions… C’est le seul pays que je puisse considérer comme ma maison, mais nous avons besoin de cette option, si un jour, nous devions partir. »
Hausse des demandes de passeports étrangers
Une issue de secours, elle, qui craint une dérive autoritaire et un Israël de moins en moins laïque, alors que le gouvernement actuel est le plus religieux de l’histoire du pays. Yoshua Pex est un avocat spécialisé dans les demandes de naturalisation : « Depuis les dernières élections, c’est très clair. Nous avons vu une hausse des recherches sur les passeports étrangers et une hausse des demandes. Israël est un pays d’immigrés. Beaucoup de juifs sont venus d’Europe, il y a donc beaucoup d’intéressés. Certains ne sont même pas éligibles, mais ils essaient quand même. »
Il est estimé qu’environ 1 million d’Israéliens détiennent un passeport étranger. Contactée, l’autorité de la population et de l’immigration affirme ne pas connaître les chiffres des départs. Mais sur les réseaux sociaux, la tendance est claire : de plus en plus de groupes d’Israéliens s’entraident pour préparer leur déménagement.
Fuite des médecins
Ophir travaille dans la high-tech. Elle ne voit aucun avenir possible en Israël : « Mon compagnon et moi nous sommes mariés, il n’y a pas longtemps, et on a décidé que nous n’allions sûrement pas continuer notre vie ici. Pourtant, on a tout fait selon les règles, on est allé à l’école, on a servi à l’armée, on a étudié, on a trouvé un emploi, on nourrit l’économie et on se retrouve avec un gouvernement qui nous met des bâtons dans les roues et on voit bien que ça ne va pas aller. Tous nos plans tombent à l’eau. » Tous deux ont obtenu un passeport européen et comme beaucoup d’Israéliens, ils ont choisi le Portugal.
Certains départs inquiètent plus que d’autres. Depuis l’adoption de la première loi de la réforme judiciaire, 3 000 médecins ont rejoint un groupe WhatsApp pour discuter d’opportunités professionnelles à l’étranger. Le directeur-général du ministère de la Santé a tenu une réunion d’urgence en espérant de les convaincre de rester.
À lire aussiIsraël : dans la rue à Tel Aviv, le rituel du samedi soir se poursuit
Pour l’instant, il est impossible de répondre à cette question. Le CIO, le Comité international olympique, dirigé par l’Allemand Thomas Bach, a en effet décidé de prendre son temps – preuve de son embarras. Car ces Jeux Olympiques sont rattrapés par les tensions et conflits du monde à la date où ils se déroulent. À vrai dire, ce n’est pas une première.Pourtant, les Jeux Olympiques - créés à la fin […]
Post comments (0)