« Ils avancent tous les jours », se lamente Séraphin, un habitant du quartier Gécamines centre depuis plus de 20 ans. Sa maison est à moins de 50 mètres de l’imposant mur de béton qui sépare le quartier d’une mine de cobalt, exploitée par une société chinoise. Avec la mine qui s’étend, Séraphin voit son quartier se réduire. Il sait qu’il va bientôt devoir partir.
« Les miniers ont apparemment plus de droits que nous autres, ils sont du côté du gouvernement et c’est lui qui décide. Nous, on n’a rien à dire. La délocalisation, ça veut dire : perdre ses habitudes, ses voisins, la proximité de tout ce qui vous entoure… C’est toute votre vie. »
Un peu plus loin, la police fait sortir les habitants de leur maison. Une femme quitte précipitamment son domicile. Il est midi et tous les jours la compagnie minière fait exploser de la dynamite dans la mine. Toutes les maisons sont fissurées, déplore-t-elle : « Ça arrive tous les jours. Aujourd’hui, ils nous font sortir des maisons, parce que les détonations vont être plus fortes. J’ai des fissures partout dans ma maison, j’ai même failli perdre ma télévision. Oui, on va devoir partir, mais on ne sait pas encore quand. »
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Indemnisations insuffisantes
Plusieurs dizaines de maisons ont déjà été détruites ces derniers mois. Leurs propriétaires sont partis. Indemnisées par la compagnie minière. Mais ces indemnisations sont insuffisantes pour se reloger, précise Sylvain Muleka, à la tête d’un comité d’habitants qui refusent ces indemnisations et demandent à être relogés. « Nous sommes obligés de partir, mais pour aller où ? Le prix du terrain et le coût de la vie ne cessent de croître, on ne peut pas avoir de maison. Nous, ce que l’on veut, c’est être réinstallé quelque part. »
Mais où reloger ces milliers d’habitants ? Kolwezi est entourée de mines. Il n’y a plus de place, précise maitre Josué Kashal, du Centre d’Aide juridico-judiciaire : « Dans notre législation, il est prévu que lorsque vous délocalisez les communautés, vous devez les reloger. Mais en pratique, la majorité des entreprises ne le font pas. Elles se limitent seulement à leur donner de faibles indemnités et les personnes doivent se débrouiller, déplore l’avocat. La ville de Kolwezi est entourée de concessions et d’entreprises industrielles, c’est une ville en voie de disparition. »
Tous accusent les autorités de Kinshasa où sont délimités les cadastres des concessions minières aux dépens de la population.
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