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#SessionLive avec Seb Martel et le projet Saturn 63, 100% guitare – Musiques du monde

todaynovembre 28, 2022

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À l’occasion de la sortie de Saturn 63, Seb Martel est l’invité de la #SessionLive pour raconter sa folle aventure parmi les guitares de collection au Musée de la musique à Paris.

Une idée court dans le parcours et la discographie de Seb Martel, l’un des guitaristes les plus passionnants et néanmoins méconnus de la scène hexagonale. Cette idée, c’est qu’un instrument peut, et doit, continuellement réinventer une musique, déployer de nouvelles textures, amener de nouvelles nuances. C’était évident dans ses albums enregistrés en solitaire : Ragalet en 2003, Coitry? en 2007. C’était perceptible dans ses productions collectives (Vercoquin, Olympic Gramofon, Las Ondas Marteles) ou ses expériences en tant que musicien de studio (pour -M-, Alain Chamfort, Femi Kuti ou Camille). C’est tout aussi frappant à l’écoute de son nouvel album, Saturn 63, nommé en référence au dernier modèle de guitare électrique découvert lors d’une collaboration avec le Musée de la Musique. Ce troisième long-format, ouvertement porté sur l’expérimentation, est effectivement le fruit d’une longue réflexion, rendue possible à la faveur d’une collaboration entre la Philharmonie de Paris et InFiné : entamée avec «InBach» d’Arandel, celle-ci se poursuit aujourd’hui à travers un disque entièrement pensé à la guitare, un instrument relativement peu mis en avant au sein du catalogue du label français.

Pendant plusieurs mois, Seb Martel a ainsi eu accès à la fastueuse collection de guitares électriques abritée par le Musée de la Musique. Là, laissé seul dans ces couloirs remplis à ras-bord d’instruments d’une grande rareté, et donc précieux, le Français a pu puiser dans les sonorités d’autres époques, d’autres continents, s’émanciper des formes convenues, bondir d’un genre à l’autre et s’associer à d’autres passionnés de la six-cordes. C’est ainsi qu’on retrouve -M-, jamais le dernier pour délaisser le format radio et aller vers des chemins moins balisés ; Vincent Ségal, dont l’éclectisme et le sens de l’exploration sonore n’est plus à prouver ; Mathieu Boogaerts, toujours partagé entre son goût pour la chanson et l’artisanat, mais aussi Martin Gamet, repéré chez Camille. La présence de ses nombreux invités ne doit pas faire oublier la belle et grande ambition de Seb Martel : mettre en lumière les nombreuses guitares qui peuplent l’obscurité des sous-sols du musée, des plus prestigieuses exhibées en vitrines aux plus humbles, en passant par les plus mal-en-point. Chaque son, chaque rythme, chaque texture de Saturn 63 provient ainsi de ces guitares, manipulées et triturées dans l’idée d’élargir les perspectives, de tourner le dos au confort des mélodies rapidement identifiables et de convoquer tout ce qu’il a pu jouer, écouter, apprendre, penser et ressentir en trente années de pratiques et de projets en tout genre.

Seb Martel.

Rappelons que Seb Martel, né en 1975, s’est vu offrir sa première guitare par son père. Il avait 17 ans et se découvrait alors une passion, un perfectionnisme et des perspectives, alternant les œuvres musicales et les projets transversaux (pour du théâtre ou de la danse, notamment). Depuis, ce qu’il cherche à démontrer semble pouvoir tenir en trois points. Tout d’abord, par un procédé aussi audacieux qu’admirable : que la pratique de la guitare se doit d’être rythmée par des conceptions contrastées et exploratrices. « Comment réinventer la mélodie ? », questionnent en creux les quatorze compositions réunies sur Saturn 63.

Le deuxième point est celui de la liberté. Il en a fait une ligne de vie, une ligne de fuite. Tout au long de ces cinquante minutes, le Français passe allégrement du rock à la musique industrielle, de la relecture de classiques d’Elvis Presley («Blue Suede Shoes») à des incartades pop du plus bel effet («My Best Friend»), sans se soustraire une seconde au cadre rigide des barrières stylistiques. La dernière question que pose Saturn 63, c’est celle de la filiation. Derrière la recherche de sonorités inédites, il n’est finalement question que de ça : l’héritage, tout ce legs laissé par ces guitares, chargées d’histoire et pourtant dénuées de toute nostalgie lorsqu’elles sont entre les mains d’un amoureux de la mélodie tel que Seb Martel. «Cet album n’existe que grâce à l’aide des équipes du Musée de la Musique, précise Alexandre Cazac, co-fondateur d’InFiné. Elles ont su réunir les conditions pour que Seb Martel puisse venir découvrir, puis essayer toutes les guitares du musée, mais aussi celles, nombreuses, qui sont cachées au fin fond des réserves.» Tout se passe en réalité comme si celles-ci n’avaient jamais pris la poussière, comme si la singularité de leur son était mise au service d’une ambition plus grande encore, en équilibre stable entre dissonances et richesse instrumentale, entre délicatesse et prouesses techniques, entre minimalisme et mélodies savamment orchestrées.

Seb Martel.

Il faut donc savoir gré à Seb Martel d’avoir su maintenir une ligne cohérente entre ces multiples instruments et d’avoir capturé, sinon l’esprit, du moins l’ambiance de ces longues et méticuleuses semaines de recherche sans pour autant tendre vers l’abscons. Saturn 63, c’est une proposition musicale, humble et pourtant courageuse, chercheuse et pourtant accessible, mais c’est aussi et surtout l’œuvre d’un artiste qui est parvenu à mettre en forme une belle musicalité, sans prétention, ni snobisme. Pensons à Heavenly, sorte de complainte minimaliste portée par les murmures de Martin Gamet et le chant spectral de la talentueuse Sabrina Bellaouel. Pensons à Soul Kiss, une mélodie tout en contrastes, aussi épurée que saisissante, soyeuse que mélancolique : à chaque fois, il n’y a pas une seule note de trop, uniquement des pas de côté, effectués aux côtés d’interprètes de prestige (Cindy Pooch, Vic Moan, Camille), justement là pour harmoniser le propos, humaniser des intentions et des idées qui, chez d’autres, sonneraient indigestes. Il faut en effet écouter des titres comme Balulow, That Yongë Child  ou Blue Suede Shoes, nettement plus angoissante et redevable au blues que la version originale, pour mesurer la poésie des compositions de Seb Martel, jamais démonstratives, toujours expressives, perpétuellement sereines. Elles sont l’œuvre d’un artiste sensible, en quête d’épure, dont Saturn 63 vient cristalliser le savoir-faire musical en même temps que la capacité à faire naître des mélodies d’une extrême beauté, hors du temps et de ses emballements éphémères.

La #SessionLive sera agrémentée d’interviewes d’Alexandre Girard-Muscagorry, conservateur au Musée de la Musique, Mr Martel père, Vincent Segal, violoncelliste, réalisées par Elodie Maillot.

Seb Martel à RFI.

Titres interprétés au Grand studio

– Seventy, Live RFI

– Blue Suede Shoes, extrait de l’album Saturn 63

– My Best Friend, Live RFI voir le clip 

– Trust, single Sabrina Bellaouel

– Future Talk, extrait de l’album Saturn 63.

 

Line Up : Seb Martel, guitare, voix, Sabrina Bellaouel, chant

Son : Jérémie Besset et Benoît Letirant.

► Album Saturn 63 (InFiné 2022).

 

EPK Saturn 63 

Seb Martel à lire sur RFI Musique 

Guitar Eros, film de Paul Ouazan.

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