Turquie: mobilisation contre l’extension de mines de charbon

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Avec notre envoyée spéciale à Akbelen, Céline Pierre-Magnani

Aux abords de la forêt d’Akbelen, villageois et militants s’activent. Une trentaine de tentes ont été plantées à l’ombre des pins, au pied de la colline. Les villageois et les militants écologistes campent sur place depuis une quinzaine de jours.

Au loin, les machines de chantier continuent de dégager le tronc des arbres fraîchement coupés.

Esen Fatma, 39 ans, suit l’avancée du déblaiement derrière les barricades de police. Militante écologiste depuis toujours, elle enrage face à la destruction organisée des ressources naturelles de son pays : « Comme dans le reste du monde, en Turquie, c’est la logique de la destruction, de rente, de pillage et de corruption qui règne. Et c’est vrai dans tous les domaines. Et cela s’applique aussi à la nature. Les acteurs marchandent les êtres humains et la nature très violemment, et ils le font, en plus, tout en enfreignant la loi ! »

À mon avis, ce n’était pas uniquement une question de pouvoir et d’argent. C’est une destruction volontaire. Un crime tout à fait conscient.

Chaque jour amène son lot de tâches à accomplir et de visiteurs à accueillir. L’avocat Ismail Hakki Atal est mobilisé depuis quatre ans sur le dossier. Il égrène les procédures judiciaires entamées pour faire annuler le projet, et se désole de constater l’état de la justice dans son pays.

« Les étapes des processus que nous avons entamés, dit-il, démontrent que la justice n’existe plus en Turquie et que les procédures judiciaires sont désormais purement formelles. Depuis que je suis avocat, je n’avais jamais défendu un dossier comme celui-ci. Tous les arguments juridiques nous donnent raison ! Mais face à nous, il y a des juges qui sont déterminés à ne pas faire appliquer la Constitution. Qui sont-ils ? Ce sont des juges qui font partie d’un système judiciaire entièrement inféodé à l’AKP et qui prennent des décisions selon les intérêts du parti. »

Dans un contexte politique autoritaire, les mobilisations se sont raréfiées ces dernières années. Mais contrairement à d’autres manifestations immédiatement réprimées, la gendarmerie protège le site et laisse la veille se poursuivre.

À la demande du principal parti d’opposition, les députés sont appelés à discuter du cas d’Akbelen lors d’une session extraordinaire au Parlement, mardi prochain.

La mobilisation d’Akbelen n’est pas la première du genre. Certains combats, comme dans la région de Kazdaglari, ont d’ailleurs permis de faire annuler des licences d’exploitation.

01:09

Contre l'extension d'une mine à Akbelen: deuxième partie de notre reportage audio

Céline Pierre-Magnani

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