Depuis plusieurs semaines, des rumeurs contradictoires circulaient sur un possible repli de l’armée russe de Kherson, position devenue intenable et soumise à une très forte pression de l’armée ukrainienne. Ce mercredi après-midi, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a annoncé « autoriser un repli sur la rive gauche du Dniepr » des forces russes stationnées à Kherson.
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En direct à la télévision, Sergueï Choïgou a fini par l’admettre : ses forces vont abandonner Kherson, « pour épargner », explique-t-il, « les vies de nos soldats et de nos civils », explique Léo Vidal-Giraud.
Le ministre russe de la Défense autorise « un repli sur la rive gauche du Dniepr » des forces stationnées à Kherson, sur recommandation de Sergueï Sourovikine, en charge des opérations militaires russes en Ukraine. Le Dniepr est le fleuve qui borde cette capitale régionale. Cible depuis plusieurs mois d’une contre-offensive ukrainienne dans le sud du pays, Kherson est stratégique tant pour la Russie que pour l’Ukraine.
Selon le général Sourovikine, ce retrait permettra non seulement de préserver la vie des soldats russes, mais également celle des habitants de Kherson restés sur place malgré le déroulement des évènements.
Mercredi matin, les drapeaux russes ont été retirés du centre-ville. Autre signe avant-coureur : l’armée russe a entamé ces dernières heures la destruction des ponts reliant la ville à la rive gauche du Dniepr. Or, alors qu’une partie des troupes russes s’est déjà replié sur cette rive, ces ponts apparaissaient comme étant essentiels pour permettre le ravitaillement des soldats russes restés dans la ville.
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Une « véritable trahison »
Même s’il ne s’agit pas vraiment d’une déroute militaire comme on a pu le voir en septembre avec les avancées de l’armée ukrainienne près de Kharkiv, c’est tout de même une catastrophe symbolique pour les Russes.
Kherson est la seule capitale régionale que l’armée russe était parvenue à conquérir en Ukraine. Aux yeux de la Constitution de la Fédération russe, c’est même une ville désormais russe, depuis son annexion.
Dès le début de la guerre, les occupants avaient installé dans la ville des pancartes proclamant que « la Russie est là pour toujours ». Ils y diffusaient leurs médias, y avaient imposé la circulation du rouble russe. Symboliquement, c’est donc un coup terrible d’être maintenant obligé de quitter la ville. Sur les réseaux sociaux, le mécontentement est immense. Beaucoup de commentateurs parlent d’une « honte », d’une « véritable trahison ».
Pourtant, des figures ultra-nationalistes, habituellement très critiques des échecs russes, comme Evgueni Prigojine, fondateur de Wagner, ou le Tchétchène Ramzan Kadyrov, ont publiquement approuvé cette décision. C’est un point étonnant. Difficile, toutefois, d’imaginer que cette nouvelle défaite militaire de l’armée ne causera pas quelques remous politiques à Moscou dans les jours à venir.
« Insensé de parler de retrait »
Du côté ukrainien, pour l’heure, les autorités prennent la nouvelle avec une extrême prudence, et craignant une manœuvre de diversion russe, explique notre correspondant à Kiev, Stéphane Siohan.
Certes, depuis plusieurs jours, les observateurs spéculaient sur les intentions de l’armée russe de se retirer de la rive gauche de la région de Kherson, où se déroule depuis cet été une féroce bataille. Et plusieurs signaux avant-coureurs ont laissé entrevoir un repli russe, comme l’évacuation des centres administratifs de Kherson par l’occupant. Cependant, le gouvernement de Kiev mise sur la prudence.
Mais « nous ne voyons aucun signe que la Russie quitte Kherson sans combattre, une partie des troupes russes est maintenue dans la ville », a ainsi déclaré Mykhaïlo Podoliak, un proche conseiller de Volodymyr Zelensky. L’annonce est perçue comme une nouvelle victoire, après Kiev au printemps, ou Kharkiv cet automne. Mais « tant que le drapeau ukrainien ne flotte pas sur Kherson, il est insensé de parler de retrait russe », ajoute Mykhaïlo Podoliask.
Si la possibilité que le Kremlin veuille pousser Kiev à s’asseoir à la table des négociations pour temporiser existe, des experts craignent une manœuvre destinée à aspirer les Ukrainiens, ou renforcer l’offensive sur d’autres fronts.
Prudence pour Volodymyr Zelensky
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré mercredi soir que son pays réagissait avec une « extrême prudence » à l’annonce du retrait russe de la ville de Kherson. « L’ennemi ne nous fait pas de cadeau, ne manifeste pas de geste de bonne volonté, nous devons tout gagner », a déclaré Volodymyr Zelensky dans son message quotidien aux Ukrainiens. « Nous devons donc faire preuve d’une extrême prudence, sans émotions, sans prise de risque inutile, afin de libérer toute notre terre avec des pertes aussi minimes que possible », a-t-il ajouté.
Mercredi soir, le président américain Joe Biden a affirmé que ce retrait annoncé de Kherson par Moscou montre que l’armée russe a de vrais « problèmes ». « C’est la preuve qu’ils ont de vrais problèmes, la Russie, l’armée russe », a déclaré Joe Biden lors d’une conférence de presse.
Kherson était la planche d’envol, si j’ose dire, pour aller à Odessa. Les Russes savent très bien qu’ils ne peuvent plus aller à Odessa. Donc, Kherson est d’une utilité moyenne. Le deuxième point, c’est que l’offensive ukrainienne, à terme, les conduisait à être battus sur la rive droite du Dniepr. Et donc, ils font le choix rationnel de décrocher de cette rive droite pour établir un fossé antichar : le Dniepr.
Dominique Trinquand, ancien chef de la mission française auprès des Nations unies
Romain Lemaresquier
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