L'Europe

Vladimir Kara-Mourza, premier opposant condamné en Russie pour haute trahison – Européen de la semaine

todayseptembre 3, 2023 1

Background
share close

L'opposant Vladimir Kara-Mourza, escorté par un officier russe, en février 2023.

(Rediffusion du 16 avril 2023)

Depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, peu sont ceux qui osent encore braver les interdits et crier haut et fort leur rejet d’une guerre injustifiée. Vladimir Kara-Mourza en fait partie. Ce jeune opposant de 41 ans, père de trois enfants, est resté en Russie après le déclenchement de l’offensive, malgré les risques que cela impliquait, et ce, alors que sa femme et ses enfants vivent aux États-Unis.

Marie Mendras, politologue au CNRS et professeur à Sciences Po Paris, explique pourquoi cet ancien journaliste a souhaité continuer à mener son combat dans son pays malgré les menaces : « Comme il le raconte lui-même, il a été fasciné par le travail politique que menait Boris Nemtsov. Boris Nemtsov était vice-Premier ministre de Boris Eltsine dans les années 1990 et dès l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 1999, Nemtsov a été l’un des rares à comprendre que l’ère qui s’ouvrait serait une ère dangereuse pour la démocratie et les libertés. Et en février 2015, quand Boris Nemtsov a été assassiné, Kara-Mourza a décidé de consacrer toute sa vie à combattre un régime qu’il considérait déjà à l’époque comme une dictature et un régime criminel. »

Le premier opposant condamné pour haute trahison

Vladimir Kara-Mourza, qui a joué un rôle clef dans l’adoption en 2012 aux États-Unis de la loi Magnitski, est considéré comme un ennemi par le régime de Vladimir Poutine. Et après avoir critiqué les autorités russes et l’armée suite au déclenchement de l’invasion en Ukraine, le Kremlin a semble-t-il décidé de s’acharner contre lui, comme le détaille Gilles Favarel-Garrigues, directeur de recherche au CNRS (et auteur du livre La verticale de la peur : ordres et allégeances en Russie sous Poutine) : « Vladimir Kara-Mourza est un bouc émissaire fabriqué par le pouvoir pour accréditer l’idée selon laquelle il y a une alliance entre des ennemis extérieurs et intérieurs qui veulent déstabiliser le régime. Ce n’est pas le premier à en faire les frais. Mais c’est en tout cas avec une sévérité inédite que Vladimir Kara-Mourza va être condamné. »

À lire aussiRussie : Alexeï Navalny, le «masque de fer» de Vladimir Poutine

Celui que l’on surnomme parfois « l’opposant numéro 2 », après Alexeï Navalny, est depuis le 17 avril le premier opposant à être condamné pour haute trahison. Le parquet russe l’a condamné à 25 ans de prison. Et malgré ce que cette peine implique, Vladimir Kara-Mourza n’en démord pas et se dit fier de son engagement, ce qui n’étonne pas Gilles Favarel-Garrigues :« C’est quelqu’un qui a toujours fait face aux épreuves qu’il a subies. C’est quelqu’un qui a fait l’objet de nombreuses persécutions et de nombreuses poursuites judiciaires en Russie, donc je pense qu’on est là face à des opposants qui n’ont plus rien à perdre. Il fait penser, à ce niveau-là, à Alexeï Navalny. Il subit la dictature de la loi comme on dit en Russie, à plein régime. C’est un choix qui vise sans doute à forger aussi une image de détermination par rapport au pouvoir russe. Mais on ne peut que s’inquiéter pour ces opposants et pour le fait qu’ils puissent terminer leur vie en prison. »

Un homme qui fait peur au Kremlin

La santé de Vladimir Kara-Mourza inquiète. Et dans un pays avec un régime que beaucoup qualifient de totalitaire, celui à qui le Conseil de l’Europe a décerné en 2022 le prix Vaclav-Havel des droits de l’homme pourrait bien subir des conditions de détention inhumaine. Car comme l’explique Marie Mendras, les autorités le craignent : « Pourquoi est-ce que Vladimir Poutine et ses services de renseignement ont décidé de se rassurer en se disant qu’ils peuvent écraser Vladimir Kara-Mourza et le laisser mourir dans un camp à régime sévère ? Eh bien, c’est parce que cet homme leur fait peur. »

Vladimir Kara-Mourza, après une parodie de justice, a été condamné à 25 ans de détention dans une colonie pénitentiaire. Il s’agit de la plus longue peine infligée depuis la fin de l’Union soviétique pour une activité politique, une décision qui a suscité de nombreuses critiques dans le monde après un procès qualifié de simulacre et de procès politique.

À lire aussiRussie : l’opposant Vladimir Kara-Mourza condamné à 25 ans de prison

La source

Written by: admin

Rate it

Previous post

L'Europe

L’Ukraine affirme avoir mené une attaque de drones depuis le territoire russe, une première

Lire la suite Comment l’Ukraine peut-elle frapper des cibles aussi précises à plusieurs centaines de kilomètres de ses frontières ? La question se pose depuis la spectaculaire attaque menée en début de semaine dans la région de Pskov.Interrogé par la revue spécialisée The War Zone, le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov apporte un élément de réponse : les drones n’ont pas été lancés depuis l’Ukraine, mais depuis le territoire russe. « Les drones utilisés pour attaquer la base aérienne de Kresty […]

todayseptembre 2, 2023

Post comments (0)

Leave a reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *


0%