Séance de dédicace improvisée pour Vladimir Kazanevsky, à l’issue d’une table ronde sur la liberté de la presse en temps de guerre, organisée à Paris, par Cartooning for Peace et la Fondation Jean-Jaurès. Dans l’assistance, un ami de longue date, le dessinateur Plantu : « C’est un immense dessinateur, comme souvent les dessinateurs à l’Est, qui ont dû avoir des écoles d’art graphiques formidables, et même si lui n’est pas passé par une école d’art, il a des bases graphiques incroyables. À travers lui, on comprend mieux son pays et le combat des Ukrainiens »
Le 24 février dernier, comme il le fait chaque jour, Vladimir Kazanevsky s’installe à sa table de travail à Kiev : « Je commence à dessiner, en général, vers 3 heures du matin. J’étais justement en train de dessiner une caricature, assez innocente, lorsque j’ai entendu les premières explosions du côté de l’aéroport. J’ai su tout de suite que la guerre avait commencé. J’ai laissé tomber cette caricature, j’étais en état de choc, et puis, je me suis souvenu d’une chanson de la deuxième guerre mondiale qui disait : » le 22 juin, à quatre heures du matin, Kiev était bombardée, on nous informait que la guerre avait débuté « . »
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« J’ai regardé ma montre et je me suis dit : Poutine a commencé à bombarder Kiev à la même heure que Hitler. Et là, je me suis mis à dessiner la faucheuse qui enveloppe Poutine et Hitler, qui se tiennent devant une carte de l’invasion de l’Ukraine. »
Vladimir Poutine avec le bouton de l’arme nucléaire sur le front, Vladimir Poutine à la télévision d’où s’écoulent des flots de sang, Vladimir Poutine avec la faucheuse qui sort de son crâne : le caricaturiste multiplie les dessins du président russe.
« C’est très difficile pour moi, parce qu’il est l’incarnation du diable. Or, en tant que caricaturiste, qui aime les caricatures philosophiques, je me dois de dessiner le diable. Quand je dessine Poutine, je mets surtout l’accent sur ses yeux, des yeux enfoncés, rapprochés, des yeux de loup qui vous regardent comme sortant d’un trou noir du KGB. Quand je le dessine, c’est douloureux pour moi et lorsque j’ai terminé, je me sens vraiment très mal. J’aurais presque envie de prendre un peu de vodka, mais ma santé ne me le permet pas, et du coup, je souffre doublement, parce que je n’ai même pas cette possibilité pour me détendre. »
Le rouge et le noir, les couleurs de la guerre
Avant la guerre, le dessinateur septuagénaire, diplômé de l’Université d’État de Kharkiv, spécialisation « radiophysique cosmique » dans les années 70, puis de l’Institut de journalisme de Kiev, produisait des caricatures et des dessins très colorés. Mais lorsqu’il a fui, avec son épouse, en Slovaquie, en mars, il n’a emporté que 2 crayons dans son sac à dos, un noir et un rouge.
« J’ai soudain réalisé, que ça n’était pas un hasard, parce que ces deux couleurs sont les couleurs de la guerre : le noir des ténèbres et le rouge du sang. Depuis lors, je n’ai plus changé de style et ça fait presque un an que je dessine comme ça.
De toute la guerre, je n’ai pas créé un seul dessin humoristique ou philosophique. Je ne peux plus dessiner que sur le thème de la guerre : mon cœur, mon âme, ma tête, sont tout le temps en Ukraine et mon seul souhait est d’aider et surtout de combattre la propagande russe. »
Après le début de l’invasion, Vladimir Kazanevsky qui a toute sa vie parlé russe, s’est mis à l’ukrainien. Une idée soufflée dès le matin du 24 février par son épouse, d’origine russe, dont le père est né à Moscou.
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