Ce qui inquiète les autorités polonaises et lituaniennes, ce sont de possibles incursions sur leur sol et les troubles que pourraient alors provoquer les mercenaires de Wagner.
Une centaine de miliciens Wagner se seraient rapprochés de la frontière polono-lituanienne, au nord-ouest de la Biélorussie, selon le Centre national de résistance ukrainienne. De quoi inquiéter le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, qui s’inquiète de voir ces hommes armés participer à des opérations hybrides pour déstabiliser le pays, rapporte notre correspondant à Varsovie, Martin Chabal.
Le chef du gouvernement polonais guettait déjà les déplacements de Wagner, mais en s’approchant de la frontière, cela devient plus concret. Mateusz Morawiecki craint de voir ces miliciens aider des réfugiés à entrer illégalement sur le territoire polonais, par exemple, voire même, entrer incognito en Pologne en se déguisant en demandeurs d’asile.
Même si la circulation entre ces deux pays et la Biélorussie est déjà extrêmement limitée, du fait des sanctions imposées par l’Union européenne, l’inquiétude plane. Des soldats du groupe paramilitaire pourraient réussir à franchir la frontière en se faisant passer pour des demandeurs d’asile. Varsovie et Vilnius ont d’ailleurs alerté à plusieurs reprises leurs alliés de l’Otan sur ce sujet.
Varsovie réfléchirait donc à fermer entièrement ses frontières avec la Biélorussie. Même son de cloche du côté de Vilnius : « Ces considérations sont réelles. La possibilité de fermer la frontière existe », a déclaré vendredi aux journalistes le vice-ministre lituanien Arnoldas Abramavicius. Il pourrait s’agir de groupes de réfugiés, de migrants irrégulièrement transférés dans le but de provoquer une sorte de troubles » à la frontière, a-t-il ajouté.
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Moscou pourrait vouloir isoler les pays baltes grâce à un corridor allant jusqu’à Kaliningrad
Cette frontière est une zone sensible depuis les fortes tensions entre la Russie et l’Otan, et encore plus depuis le début du conflit en l’Ukraine, appuyée par les membres de l’Alliance atlantique. Les experts en stratégie militaire pointent régulièrement du doigt une zone qu’ils appellent le corridor de Suwałki, reliant l’enclave russe de Kaliningrad à la Biélorussie : cette zone pourrait intéresser le Kremlin pour isoler les pays baltes, par exemple.
Mais à l’heure actuelle, le Premier ministre polonais appuie surtout sur l’afflux de migrant à la frontière qui pourrait reprendre avec l’aide de Wagner. De quoi jouer sur une corde très sensible à quelques mois des élections dans le pays, où son parti espère garder les rênes du pouvoir.
Lors d’une rencontre avec Vladimir Poutine le week-end dernier, le président biélorusse Alexandre Loukachenko avait lui-même confirmé que des membres de Wagner voulaient passer la frontière. « Ils demandent à aller vers l’ouest, à Varsovie », en Pologne, avait-il lancé devant le président russe, avant de l’assurer qu’il les « gardait » dans son pays.
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