Pour les Arméniens, il y aurait d’autres interpellations. Erevan dénonce des « arrestations illégales » au sein des colonnes de civils quittant le territoire. Pour quitter le Haut-Karabakh, les Arméniens de l’enclave doivent passer par des contrôles des forces azerbaïdjanaises. Et au dernier poste, les hommes en âge de combattre sont filmés. Bakou affirme que les combattants ayant déposé leurs armes peuvent être amnistiés. « Mais ceux qui ont commis des crimes de guerre […] doivent nous être remis », justifiait une source gouvernementale azerbaïdjanaise mardi 26 septembre.
Des combattants arméniens inquiets
Ces opérations de recherche, menées par l’Azerbaïdjan, inquiètent la communauté arménienne. L’enclave, objet de deux guerres, était très militarisée. Chaque famille comptait un ou plusieurs combattants qui craignent aujourd’hui d’être arrêtés. Beaucoup d’hommes ayant servi l’entité séparatiste arménienne disent donc qu’avant de partir, ils ont brûlé livres, souvenirs et photos de famille, mais aussi uniformes, armes et documents pour tenter d’effacer leur parcours militaire.
Un ancien habitant de la région affirmait à RFI que les forces azerbaïdjanaises avaient des listes de personnes à arrêter. Selon lui, Bakou rechercherait 400 hommes. Mais l’Azerbaïdjan, de son côté, n’a pas annoncé d’objectif chiffré.
(Avec AFP)
«Nettoyage ethnique», de quoi parle-t-on? Est-ce considéré comme un crime en droit international ?
Plus de 100 000 personnes ont quitté le territoire du Haut-Karabakh, selon Nazeli Baghdassarian, la porte-parole du Premier ministre arménien, Nikol Pachinian. L’Arménie accuse l’Azerbaïdjan de « nettoyage ethnique » au Haut-Karabakh. Pour sa part, Bakou nie et affirme que les habitants partent d’eux-mêmes.
L’expression « nettoyage ethnique » est apparue dans les années 1990, lors de la guerre en ex-Yougoslavie. Elle renvoie à une politique délibérée visant à faire disparaître, de certaines zones géographiques, des populations appartenant à une communauté ethnique ou religieuse particulière, en utilisant la violence ou la terreur. C’est en substance la définition donnée par l’ONU en 1994. Cette notion a été employée au cours de procès devant des tribunaux internationaux.
Mais le « nettoyage ethnique » n’est pas reconnu comme un crime en tant que tel. Les personnes mises en cause peuvent en revanche être inculpées et condamnées pour génocide lorsque le « nettoyage ethnique » va jusqu’à la destruction ou l’extermination d’une communauté. Cela a été par exemple le cas lorsque Radovan Karadzic, ancien dirigeant des Serbes de Bosnie, a été condamné à perpétuité en 2019 pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Il avait été tenu responsable entre autres du massacre de 8 000 musulmans à Srebrenica.
Le « nettoyage ethnique » a aussi été évoqué dans d’autres conflits, celui du Darfour au Soudan ou encore en Birmanie avec les Rohingyas.
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