Avec notre envoyé spécial à Bratislava, Pierre Benazet
Retournement de situation aux législatives slovaques. Après des premiers sondages de sortie des urnes qui donnaient samedi 30 octobre au soir la victoire aux centristes libéraux pro-européens, le décompte final des voix a placé le parti Smer de Robert Fico en tête avec 23% des suffrages. La formation du candidat populiste, pas avare de déclarations xénophobes ou pro-russes pendant sa campagne, devrait décrocher 42 sièges sur les 150 députés que compte la Národná Rada, le Parlement national slovaque.
Etienne Boisserie, professeur d’histoire de l’Europe centrale à l’Inalco, juge le résultat surprenant :« C’est une victoire plus franche qu’attendue parce que les sondages des derniers jours de campagne donnaient un très net rapprochement de Slovaquie progressiste et même deux des quatre derniers sondages les donnaient devant. Les sorties des urnes les donnaient légèrement devant et finalement Fico l’emporte de 6 points, ce qui est un résultat surprenant par son ampleur. »
Avec 18%, son concurrent direct, le parti Slovaquie progressiste du centriste Michal Šimečka ne devrait pouvoir compter que sur 32 députés. C’est donc bien Fico qui sera désigné par la présidente de la République slovaque pour tenter de former un gouvernement.
La présidente Zuzana Caputova, ancienne membre de la Slovaquie progressiste et rivale politique de longue date de M. Fico, a déclaré dimanche qu’elle le chargerait de former un nouveau gouvernement. « Dans l’esprit de notre tradition constitutionnelle, je confierai demain la formation du gouvernement au vainqueur de l’élection », a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Robert Fico a indiqué ce dimanche en conférence de presse qu’il se donnait deux semaines pour négocier une coalition gouvernementale avec ses partenaires potentiels. Dans le passé, Robert Fico n’a pas hésité à s’allier avec le parti d’extrême-droite SNS, ce qui a déjà valu à son parti d’être provisoirement exclu du Parti socialiste européen.
Robert Fico: «Les Slovaques ont de plus gros problèmes que l'Ukraine»
La Slovaquie et les gens en Slovaquie ont de plus gros problèmes que l’Ukraine. L’Ukraine est une énorme tragédie pour tout le monde. Si le parti Smer forme un gouvernement, nous allons tout faire au sein de l’UE pour trouver le moyen le plus rapide d’arriver à des pourparlers de paix. (…) Continuer à se tuer mutuellement n’apporte rien à personne. Cela ne change rien au fait que nous sommes prêts à apporter une aide humanitaire à l’Ukraine et prêts à aider à la reconstruction du pays, mais vous connaissez notre opinion quant à l’aide militaire à l’Ukraine. Je regrette que les élections en Slovaquie aient été vues par les médias comme étant uniquement à propos de la livraison d’armes à l’Ukraine ou non. Ce n’est pas le cas : les gens en Slovaquie ont de sérieux problèmes, qui sont pour nous une priorité.
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Robert Fico: «Les Slovaques ont de plus gros problèmes que l'Ukraine»
Alexis Rosenzweig
« Il est dans une situation très favorable, analyse Etienne Boisserie. A priori, il peut former une coalition avec le mouvement Hlass, arrivé troisième avec environ 14%, et le parti national slovaque (le SNS). Avec ces deux alliés-là qui sont les alliés les plus naturels, il dispose d’une majorité raisonnable. Je pense que ce n’est pas concevable qu’avec une victoire aussi nette, il n’y ait pas un accord autour de Fico. »
Une coalition gouvernementale menée par Robert Fico est vue comme une menace pour l’unité difficilement maintenue de l’UE face à la Russie. Il ambitionne de mettre fin aux sanctions à l’encontre de Moscou et de s’allier avec son voisin hongrois Viktor Orbán. « Il y a le discours électoral et puis il y a ce que la responsabilité gouvernementale imposera de faire, tempère tout de même Etienne Boisserie. Évidemment, ils sont moins « ukrainophiles » et moins engagés que le gouvernement slovaque sortant. Mais en même temps, il n’y a pas eu de remise en cause de la question de l’accueil et de l’aide humanitaire. Ce dont il a été question, c’est de la fourniture d’armement. »
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