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Donald Tusk, l’homme par qui le changement en Pologne peut arriver – Européen de la semaine

todayoctobre 1, 2023 7

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Donald Tusk parviendra-t-il à revenir au pouvoir en Pologne?

Il est né à Gdansk, là où le combat politique pour le retour à la démocratie a débuté en Pologne en 1980. Et c’est là que cet historien de formation, père de deux enfants, a décidé de se lancer en politique, explique Jérôme Heurtaux : « C’est quelqu’un qui, dans les années 1980, alors qu’il était un étudiant encore très jeune, a été d’abord un militant de l’opposition démocratique aux communistes. Il a été un des leaders de l’Association des étudiants indépendants qui étaient proches de celui de Solidarnosc (le premier syndicat libre et autonome du Parti) dans la région de Gdansk. »

Un homme de droite, mais libéral et pro-européen

Donald Tusk a très vite forgé ses convictions politiques, explique le politologue, spécialiste des changements de régime en Europe post-communiste, actuellement maître de conférences à l’Université Paris-Dauphine : « C’est quelqu’un qui a un positionnement très libéral sur le plan économique, plutôt progressiste sur le plan sociétal, qui est une personnalité démocrate ouverte aux influences d’où qu’elles viennent. Donc, c’est quelqu’un qui ne peut pas être classé comme un conservateur polonais classique, en tout cas pas comme ceux qui sont au pouvoir, mais c’est un homme de droite. S’il était Français, on dirait que c’est un centriste qui penche un peu à droite. »

Donald Tusk a gravi tous les échelons politiques. Il a participé en 1990 à la fondation du KLD, le Congrès libéral-démocrate, dont il prendra la présidence un an plus tard. Élu député, puis sénateur, il quitte cette formation pour rejoindre les rangs du PO, la Plate-forme civique en 2001. Après un échec lors de la présidentielle de 2005, il devient président du Conseil des ministres deux ans plus tard. Un poste qu’il va occuper jusqu’en 2014 et sa désignation comme président du Conseil européen.

Une personnalité qui continue d’être plébiscitée dans son pays malgré son absence sur la scène politique polonaise, détaille Krzysztof Soloch, professeur à l’université Paris-Sorbonne, spécialiste de l’Europe centrale et de l’Europe du Nord : « Selon tous les sondages qui ont été réalisés après les dernières élections présidentielles, tous les sondages ont démontré une forte popularité de Donald Tusk. Donc, c’est lui qui incarne le mieux le parti, donc l’opposition, en tant que libéral pro-européen, donc pro-européen convaincu. Il faut d’ailleurs souligner que la Pologne reste toujours le pays où le soutien pour l’Union européenne est le plus fort au sein de l’Union européenne. Et c’est lui qui incarne le mieux cette Europe. »

Un retour sur la scène politique polonaise réussi

Ce retour sur la scène politique nationale et surtout le fait qu’il continue de séduire les électeurs est peu banal, estime Jérôme Heurtaux :« L’un des faits marquants de la carrière de Donald Tusk, c’est son retour réussi dans la politique polonaise en 2021, alors qu’il s’était absenté depuis 2014. Donc 7 ans après avoir quitté le gouvernement, il revient en politique nationale et il retrouve son poste de président du parti. Il revient, il s’impose et il mène la campagne des élections législatives cette année. Donc, c’est quand même quelque chose à noter parce que nous connaissons d’autres exemples, notamment en France, de retours totalement ratés d’hommes politiques qui ont occupé des positions de pouvoir dans le passé. »

Un retour au pouvoir grâce au jeu des alliances ?

Et ce retour réussi a provoqué de la part des médias proche du PiS, le parti Droit et Pouvoir qui dirige la Pologne depuis 2015, une véritable campagne de dénigrement. Une campagne également véhiculée par des médias publics à la solde du gouvernement, comme le détaille la plupart des spécialistes de ce pays d’Europe de l’Est. Et malgré ça, cet européen convaincu qui prêche notamment pour un retour de l’État de droit, pourrait bien créer la surprise, même si sa coalition compte dix points de retard sur le PiS selon les derniers sondages.

C’est en tout cas l’avis de Krzysztof Soloch : « Ça va être très difficile. Il reste peu de temps avant les élections. Mais il faut dire que la situation économique polonaise est des plus en plus difficile. Il y a une inflation de plus de 17% et donc le contexte socio-économique est plutôt favorable au parti pro-européen de Tusk. Il met également l’accent sur le déblocage du plan de relance européen, dont le versement est conditionné à des réformes liées à l’État de droit, que le PiS est accusé de bafouer depuis 2015. Donc, il sera peut-être très difficile pour Donald Tusk de gagner ces élections-là, mais il peut, grâce à d’autres partis d’opposition, recueillir un nombre suffisant de voix pour former le futur gouvernement. »

Donald Tusk le sait, à 66 ans, il s’agit peut-être de sa dernière opportunité pour revenir au pouvoir, même s’il s’est toujours engagé à combattre les idées véhiculées par le parti Droit et Justice. Des idées qui n’ont pas leur place dans l’Union européenne, estime-t-il.

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